Arbres, Trees, Baüme,

L'air n'est plus chaud. Et  depuis plus longtemps qu'on le croit. 
La moto a ceci de particulier qu'elle vous fait sentir les rubans d'air froid cousus dans la belle robe d'été indien. Tous les pilotes vous le diront, vingt degrés en Juillet, c'est pas tout à fait comme vingt degrés en Octobre. 
Les traversées de bois deviennent magiques. 
Si vous êtes bien vus par les arbres, ils salueront votre passage et vous roulerez dans un faisceau de feuilles d'or brusquement détachées,
plus glorieux encore que sous les projecteurs de n'importe quelle scène. 

   


Si vous êtes vraiment très bien vus, l'un d'entre eux vous fera signe de vous arrêter. Ce sera le moment de déposer le casque et l'armure à son pied comme il dépose ses ornements aux vôtres.
Et comme l'écrit si bien Walt Whitman, ce sera pour vous ,
" la suggestion de flegme et d'existence, par opposition au trait humain de simple apparence", 
puis s'imposeront à vous,
 "Les qualités presque émotives, tangiblement artistiques, héroïques d'un arbre. 
Si innocent et inoffensif, et pourtant si sauvage".

 

Vous penserez au repli nécessaire. Au repos. 
Vous penserez aux froissements des draps dans les froissements des feuilles. 
A l'obscurité chaude de vos chambres.
Vous penserez qu'il est temps de rentrer chez vous. 
Vous démarrerez en vous excusant de faire du bruit, de gâter l'air froid. 
Vous traverserez les premières brumes, comme on traverse une scène déserte après le spectacle.

Dans l'intégral vous vous direz "c'est l'automne" et vous sourirez secrètement.

Bea Tristan  1er Novembre 2006 au bord du Jura